Compléments à "la Statistique quasi-monopole anglo-saxon"

Une autre "exception nationale": l'"Ecole Statistique Italienne"
L'"Ecole Française d'Analyse des Données" n'a pas été la seule école statistique nationale à se distinguer du mainstream anglo-saxon. Au cours de la première moitié du 20ème siècle il a existé  en Italie une école avec une définition particulière de la statistique, des préoccupations distinctes, un vocabulaire original.  Jusqu'à la quatrième édition du Dictionary of Statistical Terms de Kendall & Buckland (1981), 67 entrées du dictionnaire (sur 2500), marquées d'un astérisque, constituaient des traductions de concepts italiens sans équivalent dans la statistique anglo-saxonne. Dans l'édition de 1990,  ces entrées ont disparu comme faune paléozoïque. L"indice   d'inégalité de Gini" apparaît aujourd'hui comme  un rare concept  de l'école italienne ayant survécu.
Source: Jean-Guy Prévost (2002):  Genèse particulière d'une science des nombres: l'autonomisation de la statistique en Italie entre 1900 et 1914, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 98-109.

Domination de la langue anglaise  
La langue anglaise tend à devenir la langue unique des sciences et techniques,  et en particulier de la statistique (ce qui n'empêche pas, tant s'en faut, nombre de statisticiens dans le monde, notamment anglophone, de lire (sinon de parler) couramment le français: la prétendue " language barrier"  qui aurait entravé la diffusion d'idées en provenance de France est une mauvaise plaisanterie).  
Quoi qu'il en soit, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Scandinavie, pour être entendu, il m'a fallu parler anglais (et exhiber mon "passeport américain", en l'occurrence l'état de mes années passées à Stanford).
Mais langue unique ne veut pas dire pensée unique.
D'un côté, la langue de bois ne se traduit que trop bien  dans tous les idiomes, du  pur français  au  pur castillan.
D'un autre côté, rien n'interdit de dire des choses originales dans la langue dominante. Je suis fier de mon article   "Assessing the importance of effects" dans le Pychological Bulletin (1996b),  non pas parce que c'est un "article en anglais", mais du fait de l'originalité des idées que j'ai pu communiquer aux lecteurs de la revue. 
 C'est l'éditeur suisse Peter Lang qui m'a demandé de procéder à une version en anglais du livre "L'inférence statistique dans la démarche du chercheur" (1991), devenu "New ways in statistical methodology" (1998a),  tout en conservant  l'intégralité de son message. C'est Patrick Suppes, mon vieux maître de Stanford, qui nous a encouragés à écrire l'ouvrage  (2004)  sur les méthodes géométriques "à l'intention de lecteurs anglophones,  mais sans concession sur le fond".

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